Les parents de Michaël Lapointe veulent que justice soit rendue

JUSTICE. Les parents du jeune latuquois Michael Lapointe, décédé à 21 ans il y a quatre mois dans un accident alors que sa voiture plongeait dans la rivière du Milieu, demandent que justice soit rendue.

Avec des compagnons, Michaël se rendait au chalet de ses parents à Doheny lorsqu’il a manqué une courbe, menant à un pont.

«Ni l’alcool, ni la vitesse ne sont en cause», précise Pierre Lapointe, le père de Michaël. Il attribue l’accident à une signalisation absente découlant de travaux qui venaient de débuter sur un pont.

Le couple espère que plus jamais personne n’ait à vivre un pareil drame. À parler avec eux, on comprend qu’ils arriveront difficilement à faire leur deuil tant que justice ne sera pas rendue. La plaie est encore fraîche et c’est avec une douleur encore vive qu’ils rappellent les événements.

De plus, selon Pierre Lapointe, le pont sur lequel les travaux venaient d’être entrepris serait situé sur le territoire de la MRC de Mékinac. Il affirme que des travaux n’y étaient pas prévus.

Un grand trou béant

«Quand la Sûreté du Québec est allée chercher Michael et qu’ils ont vu ce grand trou béant, ils ne l’ont pas sécurisé. Quatre jours après, ce sont les amis de Michael qui ont décidé d’aller mettre des cônes», rapporte Pierre Lapointe.

Selon Mme Brodeur et M. Lapointe, à la suite de travaux entrepris un jeudi après-midi, des gardes ont été retirés tout près du pont où s’est produit l’accident, enlevant tout repère possible. Des panneaux annonçant la présence du pont ont aussi été retirés. «Il y avait l’affichage pour le tonnage du pont et quand le contracteur est arrivé, il a enlevé le garde de bois. Le garde excédait la longueur du pont, pour ne pas tomber dans l’eau. Quand tu voyais le garde, tu tournais. Il y avait aussi de la végétation. En plus d’enlever le garde, il a couché la végétation sur 15 pieds. Ça faisait un trou béant, complètement à la largeur du chemin. Tu ne sais pas qu’il y a un pont qui s’en vient, car tu ne le vois pas», affirme M. Lapointe.

De l’aide

Mme Brodeur et M. Lapointe sont allés frapper à la porte d’une firme d’avocats spécialisés, sans résultats. La loi du no-fault a été invoquée, en même temps le spectre qu’aucun recours civil ne soit possible. «C’était notre bouée, mais il est mort une deuxième fois», laisse tomber Johanne Brodeur. De plus, au même moment, ils apprenaient que l’enquête de la Sûreté du Québec était terminée, alors que le couple croit à de la négligence dans ce dossier. Ils ont pensé qu’il n’y aurait alors plus rien à faire.

Après avoir laissé passer les Fêtes, ils dénoncent la situation dans les médias après quoi Me Mélanie Ricard leur offre de l’aide gratuite pour vérifier s’il y a lieu qu’un juge puisse porter des accusations contre l’entrepreneur.

«C’est un ange qui est arrivé du ciel», pense Pierre Lapointe, qui voit un peu de lumière pouvant venir du bout du tunnel. Le couple a retrouvé le goût de vivre et de se battre.

L’enquête ne montre aucune négligence criminelle

La sergente Annie Thibodeau, de la Sûreté du Québec, a confirmé à TC Media que l’enquête policière est terminée et qu’elle ne montre aucun signe de négligence criminelle. «L’enquête du coroner est en cours. C’est lui qui va émettre ses recommandations», a indiqué Mme Thibodeau.

Un jeune homme apprécié

La mort de Michaël Lapointe a permis à ses parents de voir comment le jeune homme était apprécié par ses amis. «Il y avait une heure et demie d’attente au salon», se rappelle Johanne Brodeur. Étudiant à l’École Forestière où il complétait son secondaire 5 à l’éducation aux adultes, Michaël comptait de nombreux amis dans toute la communauté et était très actif.

«Si ses amis n’avaient rien à faire, il arrivait à la maison, s’installait sur Internet et écrivait: qu’est-ce qu’on fait? Pouf! Il était reparti. Il allait dans le bois, il allait partout, il avait tout le temps un chum. Ça bougeait chez nous. La porte claquait. Je l’ai même claquée moi-même, la porte, parce qu’elle ne claque plus», se désole Mme Brodeur.

Ayant pratiquement terminé ses études menant à son diplôme de secondaire 5, ses amis de l’École forestière ont eu le geste délicat d’apporter un chapeau de graduation lors de ses funérailles.

«Ils sont arrivés quelques jeunes, avec un professeur de l’École de foresterie, chez nous après les heures de cours, cet automne, ils ont amené un pommier. Ils ont planté le pommier dans la cour», ont aussi raconté ses parents. Ils ont tous deux mentionné avoir trouvé le geste très touchant.